“We often talk of saving the planet, but the truth is that we must do these things to save ourselves” - David Attenborough
La bonne nouvelle de la semaine
Pour la 26ème fois, les grands penseurs de se monde se sont retrouvés jusqu’à aujourd’hui à Glasgow afin de répondre à l’objectif initialement fixé: alertés depuis le premier rapport du GIEC en 1990 de l’incidence de l’activité humaine sur le réchauffement de la planète, les États se sont donnés pour objectif, dès la première COP, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Et on peut dire que c’est un énorme succès, la densité de pollution dans l’air a augmenté de manière linéaire depuis la première réunion de la COP 1:
Alors que les plus optimistes étaient déçus de ne pas voir arriver Joe Biden en canoë et Boris Johnson en léger footing depuis Downing Street, le jet lag s’est quand même fait ressentir.
La mauvaise nouvelle de la semaine
Il n’y a jamais de mauvaise nouvelle avec le climat car il y a toujours une solution. Et si ce n’est pas cette fois-ci, la prochaine génération pourra régler le problème en 2050.
Mais tout le monde y met quand même déjà du sien ou presque; certains préfèrent construire des fusées dans une réserve naturelle pour aller se réfugier sur Mars quand la Terre ne sera plus habitable.
Prenons par exemple les fonds de placement ESG qui fleurissent comme des champignons et où il est parfois difficile de s’y retrouver dans un univers qui ressemble étrangement aux médailles sur les bouteilles de vin: si le vin n’est pas au top, vous avez besoin d’un concours qui rassurera le consommateur. Vous avez déjà vu Château Yquem ou Sassicaia avec une médaille? Moi non plus.
Comme pour les concours de vins, les fonds de placement ont chacun leurs propres règles, comme le rappelle Theresa Gusman, CIO, First Affirmative Financial Network:
Nobody does a great job of analyzing sustainability at the fund level. You’d be surprised at how different the scores could be from each vendor.
On n’est donc pas surpris de se retrouver avec la société pétrolière Qatar Fuel ou une société malaisienne de production d'huile de palme dans le fonds ESG Futura de la banque Raiffeisen, si chère aux investisseurs locaux et responsables.
Mais peu importe, là n’est pas le problème. En effet, de nombreux experts sont d’accord pour dire qu’il est toujours mieux de garder un certain contrôle sur l’agissement des gros pollueurs plutôt que d’y désinvestir, donnant ainsi l’opportunité à d’autres investisseurs moins transparents et moins regardants sur l’impact environnemental de leurs activités.
Comme le cannabis, il vaut mieux l’avoir sur un marché contrôlé qu’entre les mains de cartels malveillants.
Si quelqu’un se réjouit de cette stratégie de désinvestissement, c’est sûrement Aramco, la société pétrolière d’Arabie Saoudite, qui annonçait les résultats suivants au 30 septembre 2021 (passage mis en évidence):
The Saudi Arabian Oil Company today announced its third quarter financial results, recording a 158% year-on-year (YoY) increase in net income to USD 30.4 billion. […] The increase in net income was primarily the result of higher crude oil prices and and volumes sold and stronger refining and chemical margins in Q3, which were underpinned by rebounding global energy demand and increased economic activity in key markets.
Surprise. Vos paquets commandés sur Amazon n’ont pas été livrés par un avion solaire.
Et pourquoi les cryptomonnaies dont les nombreuses qualités ont déjà été relevées ici, ici et ici ne régleraient-elles pas un problème de plus, ce miracle du 21ème siècle qui affiche des performances hallucinantes semaine après semaine. Votre retraite serait garantie à 50 ans plutôt que de s’embêter avec des placements rapportant quelques pourcentages par an avec leurs médailles vertes.
Reprenons les choses dans l’ordre.
Environnemental. Une transaction en Bitcoin consomme l'équivalent de plus d’un million de transactions avec une carte Visa. Mauvais départ.
Social. Les frais de transactions ne sont pas très “social” pour les petites bourses. Vous voulez transférer l’équivalent de 100 USD en Ethereum. Essayez:
Pas top.
Gouvernance. Le grand argument des défendeurs du Bitcoin. Tout le monde est égal et toutes les transactions sont visibles sur la blockchain qui se gouverne d’elle-même. Voilà à quoi ressemble une transaction transparente sur la blockchain:
Pour de la transparence c’est de la transparence.
Et quand on sait que pour le Shiba Inu 90% de la monnaie est contrôlée par 10% de ses détenteurs, on sait qui gagnera lorsque les chaises musicales s’arrêteront. Et je ne parie pas sur le spécialiste en investissement sur TikTok.
Le Tweet de la semaine
Le bitcoin ne sauvera pas la planète, ni votre retraite, mais les jeunes non plus.
La solution de la semaine?
Chacun a sa solution, malheureusement souvent celle qui l’arrange.
Selon une étude parue cette semaine, il coûterait 28 milliards de francs suisse par an aux 14 plus importantes sociétés non-financières de Suisse pour atteindre leurs objectifs de zéro émission.
Je suis donc prêt à parier quelques Shiba Inu que personne ne va se presser pour investir un tel montant de son plein gré, comme le conclus parfaitement Tariq Fancy, ancien responsable des investissement ESG de BlackRock, plus gros gestionnaire d’actifs au monde, dans The Economist:
Decarbonising the world economy is hard but possible. Those who believe that companies must act responsibly must also accept that simply wishing for it is nobetter than endless exhortations to good sportsmanship after a game has deteriorated into widespread dirty play. When that happens, players look to the refs. Businesses and markets have referees too. It’s time that the private sector asks them to do their jobs.
Une fois qu’il auront récupéré du jet lag, il sera grand temps de commencer la partie avec des arbitres réveillés.
Et de mettre quelques cartons s’il le faut.
Source NASA, GISS via Occupe toi de mon (futur) climat – Jean-Marc Jancovici