Dans les épisodes précédents
Les Aventures de Ponzino retracent en temps réel les aventures d'un jeune trader passionné de cryptos et du métavers.
Dans l’épisode précédent, Ponzino a décidé de voyager et ayant confondu Le Salvador avec Salvador de Bahia, il se retrouve coincé au Brésil.
El Zonte, Salvador
Teresa, la jeune salvadorienne originaire de El Zonte - plage rebaptisée Bitcoin Beach depuis l’effervescence des cryptomonnaies - rêvassait de la vie avant leur apparition lorsque son village de pêcheurs ne vivait pas encore au rythme des montées et descentes de jetons magiques inutiles.
À côté de ses études, elle avait accepté un emploi dans une auberge où elle s’occupait de la réception et des réservations.
La matinée était calme, et alors qu'elle rêvait d’une vie loin des délires de son président et des bitcoins, un courriel l'interrompit.
Bonjour,
Je devais arriver aujourd’hui dans votre établissement, mais je suis arrivé dans une autre ville.
Svp me rembourser et j’essaierai de venir dans quelques jours.
Ponzino Durand
Teresa reconnaissait assez facilement les clients français qui ne prennent en général pas la peine de traduire leur message en anglais ou en espagnol et ignorent les conditions d’annulation.
Malgré l’engouement des cryptos-bros pour le Salvador, le bitcoin n’avait pas eu d’impact positif sur la population et la plupart des promesses de son président ne se sont pas réalisées.
Dernièrement, certains utilisateurs faisaient face à des frais records.
Elle répondit à Ponzino avant de terminer sa journée.
Salvador de Bahia, Brésil
Ponzino, qui se retrouvait malgré lui dans l’ancienne capitale brésilienne, avait dû se rendre à l’évidence : il ne pourrait pas se rendre le jour même à El Zonte. Après avoir envoyé un message à l’auberge qu’il avait réservée, il se dirigea vers le centre-ville, affichant fièrement ses tatouages dans le bus.
Ponzino avait trouvé une auberge cryptofriendly avec une connexion internet digne de son calibre.
Il commença par partager son aventure avec son réseau LinkedIn en mettant en avant le travail à distance, s’inspirant d’un de ces mentors. Il lui suffira de copier la publication sur ChatGPT et la publier en français.
Comme cet entrepreneur 2.0, Ponzino ignora le fait de ne pas avoir d’employé.
Satisfait, il regarda alors son portefeuille et se réjouit de voir que le marché était toujours aussi sain et liquide. Il semblerait que chaque cryptotrader a décidé d’acheter toutes les cryptomonnaies au même moment…
Il termina sa journée de trading et décida d’aller s’essayer à la capoeira.
La liquidité du marché des cryptomonnaies est en grande partie garantie par les USDT, ces stablecoins émis par Tether et sujets à de régulières critiques qui nous animent depuis 18 mois.
Le management fantôme de Tether n’a rien fait pour amener de la confiance sur la stabilité de ses stablecoins, sachant que Ponzino et consorts sont crédules et se satisfont d’un minimum d’information.
Pour l’analyse la plus récente sur la situation de Tether, John Reed Stark a répondu à la dernière attestation de Tether, dont voici un extrait des réserves.
On retiendra les éléments suivants qui permettra peut-être de tempérer l’enthousiasme de cryptonaïfs.
L’attestation ne constitue pas un audit
Tether a menti à plusieurs fois sur ces réserves
Tether a utilisé de faux documents afin d’ouvrir des comptes bancaires
Une partie importante de ses actifs ne sont certainement pas liquides et très risqués
Le CFO ne fait pas d’apparition publique et les chiffres sont commentés par le CTO !
El Zonte, Salvador
Il était déjà tard à El Zonte et le téléphone de la réception sonna dans le vide.
Ponzino, qui avait gagné en confiance grâce aux deux caïpirinhas dégustées il y a quelques instants, laissa un message en anglais sur le répondeur
Hello. This is Ponzino Durand. I received your email. I have a travel assurance with Groupama. You are not allowed to garder the monnaie. I have an avocado. Be careful.
Salvador de Bahia, Brésil
Les problèmes administratifs réglés, Ponzino ouvrit alors la newsletter reçue de la part de Coinbase, l’une des principales plateformes de cryptomonnaies, qui traita du sujet phare du moment, démontrant une fois de plus la totale inutilité de cette industrie :
What you should know about PEPE, the memecoin of the moment.
PEPE, which was issued around three weeks ago with a comically huge supply of 420 trillion tokens, has been leading the memecoin activity. The token is based on the Pepe the Frog meme, which first surfaced on the internet nearly 20 years ago as a comic-strip character. Over time it has been co-opted as a hate symbol by alt-right groups, according to the Anti-Defamation League.
After gaining popularity on Twitter, the meme token last weekend became the fastest Ethereum token to reach the $1 billion mark, before crashing more than 50% in the following days. Its meteoric rise, though, minted at least a couple (potentially temporary) millionaires — one trader turned a $250 PEPE trade into more than $1 million, while another spent $263 and flipped it into more than $3.8 million in profits.
Une fois de plus, Ponzino se mordait les doigts d’avoir raté une opportunité de devenir millionnaire, cette fois grâce à une grenouille.
Il n’avait toutefois pas le temps de s’apitoyer sur son sort, les internautes avaient déjà décidé de s’en prendre à Coinbase pour avoir mentionné que la grenouille était un symbole de haine raciale selon l’Anti-Defamation League.
Ni une, ni deux, le hashtag #deletecoinbase surgit sur Twitter.
Ponzino était bien décidé à rejoindre cette nouvelle aventure du monde merveilleux des cryptomonnaies et se rappela du pouvoir que les réseaux sociaux ont eu sur les hedge funds qui avaient pariés contre Gamestop.
Il transféra les quelques shitcoins qu’il avait sur Coinbase sur Binance et supprima l’application de son téléphone. Il avait choisi son camp.
Coinbase était en train de se coinbaiser™ tout seul.