“And so, I hope President Putin will help us to stay on track with respect to what we need to do for the climate.” – John Kerry, February 23, 2022
Fin février 2020, alors que les hôpitaux italiens voyaient les patients affluer et que la pandémie était officiellement déclarée, l’après-ski battait son plein dans les stations valaisannes comme si les Alpes avaient le pouvoir de bloquer un virus qui s’était propagé en quelques semaines de Chine en Italie.
Les skieurs n’étaient pas encore reconvertis en expert infectiologue, mais Didier Pittet - chef de service d’infectiologie au HUG et membre de l’OMS - se montrait relativement confiant en ce qui concerne la dangerosité du virus :
Cette année, nous avons déjà eu davantage de victimes de la grippe que nous n’en aurons jamais pour le coronavirus. Je suis formel à ce sujet.
Puis s’est produit l’enchaînement que l’on connait, encore difficilement imaginable quelques semaines plus tôt : rue désertes, évènements majeurs annulés, journées interminables sur Zoom.
Le 20 avril 2020, à la suite d’une demande énergétique coupée du jour au lendemain, le baril du pétrole atteignait le chiffre pour le moins surprenant de moins 37.63 dollars: quelqu’un avait un contrat d’achat d’un côté mais pas de place de stockage. Une contrepartie était d’accord de stocker ce pétrole pour USD 37.63 le baril.
Cette baisse de la demande avait ses effets positifs :
Ce ralentissement engendra également des “superpertes” pour les géants pétroliers, qui, grâce à leurs “superprofits” précédents, ont fait face à cette baisse et étaient là pour contribuer à la livraison de vos masques, vos consoles de jeux et les vaccins ayant généré les “superprofits” des entreprises pharmaceutiques.
La pandémie est pour l’essentiel derrière nous aujourd’hui et les préoccupations sont autres en Europe, où la crise énergétique fait parler d’elle alors que nous sommes en été, soit l’équivalent d’un virus qui se propage actuellement en Nouvelle-Zélande.
Alors que certains parlent de la problématique énergétique depuis des années, il semble aujourd’hui qu’aucun décideur ne l’avait anticipée, à part peut-être Donald Trump, qui, une fois n’est pas coutume, avait identifié une partie du problème en 2018:
“Germany will become totally dependent on Russian Energy if it does not immediately change course”
Je vous laisse apprécier la réaction des Allemands.
Face à l’urgence, les réponses des gouvernements ne se font donc plus attendre afin de faire face à une potentielle pénurie d’énergie.
Voici donc un florilège de mesures (qui évoluent aussi rapidement que la durée nécessaire pour que l'on nous dise qu'un masque ne sert à rien, puis qu'il est indispensable) face à une crise caractérisée entre autres1 par une demande qui risque d’être supérieure à l’offre, générant ainsi les fameux “superprofits” des entreprises concernées.
Stratégie sur la réduction de la demande
Suisse: après une longue réunion du Conseil Fédéral, les mêmes idées qui leur avait été présentées lorsqu’ils étaient à l’école maternelle ont été partagées avec la population.
Et puis, s’apercevant que d’éteindre correctement un appareil était quelque chose qui était a priori acquis par la population en âge de discernement, le Conseil Fédéral n’a pas choisi d’entre-deux et passe directement par la case prison.
France: Dans un contexte de communication du gouvernement de sobriété, sans oublier le PSG qui envisage d’utiliser des chars à voile pour ses déplacements, une réduction des taxes sur les carburants pétroliers de 30 centimes en septembre et octobre, ramenée à 10 centimes en novembre et décembre est instaurée. Cette mesure a pour objectif d’aider les Français à faire face à la crise de l’énergie (et à maintenir la demande?)
Royaume-Uni: Boris Johnson terminait son mandat en beauté en proposant de sauver quelques livres sterling et la planète en investissant dans une nouvelle… bouilloire.
Sa remplaçante nouvellement élue a elle sorti l’artillerie lourde : 130 milliards de livres sur les 18 prochains mois, suivi de 40 milliards pour les commerces. Ceci après que Goldman Sachs estimait que inflation au Royaume-Uni pourrait atteindre 22% les prochains mois.
Allemagne: l’Allemagne suit une stratégie similaire, en annonçant 65 milliards d’euros de soutien.
Stratégie d’augmentation de l’offre
Ici, la stratégie semble bien définie à l’unisson : utiliser les “superprofits” des entreprises que nous pouvons contrôler afin de maintenir la demande, et si l’offre n’est pas suffisante, se fournir en énergie, si possible la plus polluante possible.
Les entreprises elles, n’ont qu’à “arrêter de produire”, ce qui “ne causera pas de faillites” selon le ministre de l’Economie allemand.
Vendredi dernier, Le G7 annonçait un plafonnement à venir du prix de pétrole russe - je décide du prix pour les autres de ce qui ne m’appartient pas - décrit ici dans le Monde:
Pour l’heure, les modalités d’application d’un tel dispositif n’ont pas été dévoilées. « Le plafond des prix sera fixé à un niveau basé sur une série de données techniques et sera décidé par l’ensemble de la coalition avant sa mise en œuvre » […]
Pour être efficace, ce dispositif devrait impliquer autant de pays importateurs que possible, en particulier l’Inde où les raffineurs se sont emparés du pétrole russe bon marché qui était refusé par les négociants occidentaux.
Cette mesure semble porter ses fruits, tant à Moscou
qu’en Inde, où voici ce que répondait son premier ministre en charge du pétrole sur CNBC:
Asked whether he had a moral conflict with buying Russian oil amid the Kremlin’s onslaught in Ukraine, Puri replied, “No, there’s no conflict. I have a moral duty to my consumer. Do I as a democratically elected government want a situation where the petrol pump runs dry? Look at what is happening in countries around India.”
Face à ces stratégies, on espérerait presque que le réchauffement climatique soit bien présent cet hiver, cela permettra d’économiser un peu sur le chauffage.
Rappelons toutefois aux gouvernements européens qu’une chose est certaine : l’impression de monnaie ne créé pas plus d'énergie qu’une cryptomonnaie ne créé de richesse. Nous aimerions tous un monde où l’énergie est propre, abondante et bon marché, malheureusement, la réalité que nous construisons depuis 200 ans est quelque peu différente.
Doomberg est là pour nous rappeler ce qui pourrait arriver aussi vite qu’un virus qui traverse les Alpes :
As reality will soon demonstrate, if a country can’t afford to keep its citizens warm during the winter, then that country is poor, not rich. And if the proposed solution to this crisis is to double down on the same crazy policies that caused it in the first place, then we should expect the problem to get worse, not better.
Il nous reste au moins quelques masques pour nous garder au chaud et les cryptos-bros font un effort de leur côté en utilisant les transports en commun.
Merci à eux, car il faudra compter sur quelqu’un d’autre que sur Putin pour que l’on fasse ce dont on a besoin pour le climat.