“we are operating as a fking unlicensed securities exchange in the USA bro.” - Binance Chief Compliance officer
Le chanvre est une plante annuelle dioïque à haute tige, cultivée pour ses fibres d'usage textile dont le nom scientifique est le cannabis, qui a également donné son nom à la substance psychotrope que certaines variétés contiennent.
Longtemps, le cannabis a souffert d’un flou juridique que certains considéraient comme une plante médicinale et d’autres comme une drogue de la même dangerosité que l’héroïne.
Puis, dans la plupart des pays, une législation claire a été implémentée. Tant les commerçants que les consommateurs savent à quoi s’en tenir et peuvent à présent débattre autour d’un bon pétard afin de déterminer si un joint est plus ou moins dangereux qu’une bière blanche.
La chute de FTX et de Sam Bankman-Fried fut un choc pour l’industrie des cryptomonnaies, tant pour leurs supporters que pour leurs détracteurs.
L’overdose.
Dans les deux camps, personne ne pouvait défendre les agissements d’une organisation ayant commis de multiples fraudes ayant fait disparaitre des milliards.
Les deux camps demandaient alors plus de régulation afin de protéger les investisseurs. Les pro-cryptos se réjouissaient que le secteur ne soit plus pollué par ses mauvais acteurs et renaitra plus fort de ses cendres.
L’industrie des cryptomonnaies vous fait miroiter de multiples usages, mais en réalité les cryptotraders espèrent toujours1 :
acheter une cryptomonnaie révolutionnaire en euro, en dollars ou francs,
espérer que le prix augmente,
revendre cette cryptomonnaie révolutionnaire contre des euros, des dollars ou des francs.
Malgré les grandes promesses et les milliards qui ont été jetés dans cette industrie, il n’existe aucune entreprise importante qui propose un service utile (et encore moins révolutionnaire) grâce à une cryptomonnaie.
Ainsi, les leaders sont les bourses qui permettent d’échanger ces jetons inutiles, si ce n’est plus nocifs que la plupart des drogues.
Depuis plusieurs années déjà, la SEC avertissait que la finance décentralisée entrait sous sa juridiction. Dans une publication en 2021 :
“So while the underlying technology is sometimes unfamiliar, these digital products and activities have close analogs within the SEC’s jurisdiction.”
“But these offerings are not just products, and their users are not merely consumers. DeFi2, again, is fundamentally about investing. This investing includes speculative risks taken in pursuit of passive profits from hoped-for token price appreciation, or investments seeking a return in exchange for placing capital at risk or locking it up for another’s benefit.”
Dans la troisième partie du document, la SEC écrivait :
“For example, a variety of DeFi participants, activities, and assets fall within the SEC’s jurisdiction as they involve securities and securities-related conduct. But no DeFi participants within the SEC’s jurisdiction have registered with us, though we continue to encourage participants in DeFi to engage with the staff.”
C’est donc sans grande surprise que cette semaine, la SEC a pris la décision de sévir à l’encontre de deux des principales plateformes de cryptomonnaies, Binance et Coinbase. Le Financial Times décrit l’intervention ainsi :
A regulatory Big Bang is engulfing cryptocurrency exchanges. In the span of 48 hours, the US Securities and Exchange Commission has fixed two of the industry’s biggest operators in its sights.
On Monday, it accused Binance, the world’s largest crypto exchange, and founder Changpeng Zhao, of committing some of the same malfeasances that led to the collapse of Sam Bankman-Fried’s FTX. The SEC alleged Binance had diverted customer money and used secret trading firms to prop up trading volumes.
A day later, the regulator sued Coinbase, the largest US crypto platform, for allegedly operating as an unregistered broker and dealing in unregistered securities.
Il n’est pas si étonnant que ces plateformes ne se sont jamais soumises aux lois en vigueur : tel un dealer de drogue qui vous refile des produits encore plus mauvais que ce qu’ils sont déjà, il semblerait que Binance a d’autres soucis à se faire que les simples remontrances de la SEC.
En effet, la plainte ne se limite pas au fait d’avoir opéré une plateforme d’échange non enregistrée auprès d’elle, mais accuse Binance de pas moins de 13 chefs d’accusation, ici rapporté dans le Financial Times :
The Securities and Exchange Commission has filed 13 charges against Binance and its founder Changpeng Zhao. 🍿
The full complaint from regulators is a 136-page document, which looks to be absolutely full of juice about the world’s biggest crypto exchange.
Here’s the SEC’s chosen topline:
Charges include operating unregistered exchanges, broker-dealers, and clearing agencies; misrepresenting trading controls and oversight on the Binance.US platform; and the unregistered offer and sale of securities.
There are many things to be said at this point, but perhaps we should simply echo this comment, on page 64, from one unnamed employee of BAM Trading, Binance’s operator: “Yikes”.
Comme à chaque fois, cette industrie ne nous surprend pas.
On ne se sera pas déçu de la suite.
En attendant, les investissements dans le secteur prennent des allures de pétards mouillés.
Ce n’est jamais bon signe quand les profits tant convoités viennent du prochain pigeon, surtout lorsque ce pigeon devra bientôt contourner la loi pour se procurer sa dose de jetons magiques.
Comme dans l’industrie du cannabis, il y aura toujours quelques exceptions qui cherchent réellement à acheter une huile relaxante au chanvre.
DeFi, finance décentralisée. Le commentaire de la SEC semble s’adresser à l’ensemble de l’industrie des cryptomonnaies. Les plateformes centralisées ressemblent encore plus à une offre de valeurs mobilières.