Parties liées
“Enron - although an extreme case - is hardly the only company with a hollow set of values.” - Patrick Lencioni
Programmation : les prochaines semaines, je partagerai des articles d’autres auteurs sur Substack, programmés à l’avance. Ainsi, ne soyez pas déçu si le sujet ne traite pas de l’actualité immédiate.
En 2001, la chute d'Enron - alors la faillite la plus importante de l’histoire des États-Unis - a été fortement influencée par l'utilisation de transactions avec des parties liées via des entités à objectif spécial (SPV) pour manipuler ses états financiers, dissimuler sa dette et enrichir ses dirigeants. Ce manque de transparence et de conduite éthique a sérieusement ébranlé la confiance des investisseurs, aboutissant finalement à la faillite et à d'importantes conséquences juridiques pour les personnes impliquées, dont la disparition du plus grand cabinet d’audit d’alors, Arthur Andersen.
Dès qu’une entreprise atteint une certaine taille, elle créée une multitude d’entités pour plusieurs raisons : obligations légales, efficiences opérationnelles, optimisations fiscales ou les raisons moins glorieuses qui ont motivé les dirigeants d’Enron : s’enrichir en contournant les lois en vigueur.
À titre d’exemple, avant de faire faillite, l’organigramme de FTX ressemblait à cela :
Pour les entreprises mal intentionnées, les transactions entre parties liées sont un outil à disposition qui permet de manipuler les chiffres, ou détourner des actifs qui ne leur appartiennent pas.
De la même manière que lorsque votre maman vous achetait 15 euros la tranche de gâteau qu’elle avait cuisiné afin de contribuer au financement d’un week-end de foot débauche à Lloret de Mar, les prix des transactions entre parties liées ne représentent pas une valeur, mais le prix qui arrange celui qui valide la transaction des deux côtés.
Si certains étaient surpris d’apprendre que les locations avec des parties proches étaient monnaie courante pour maintenir des valorisations dans l’immobilier, ne croyez pas que cette pratique ne se fait pas dans d’autres secteurs.
Voici un florilège de transactions qui auraient peut-être été différentes si elles avaient eu lieu avec un tiers.
Softbank
Dans un article toujours aussi percutant et détaillé,
raconte comment Masayoshi Son manipule la valeur de son dernier investissement pour mieux le refiler aux petits investisseurs lors d’une introduction en bourse future (IPO).Le paragraphe suivant résume ce que l’on pourrait croire impossible, mais qui fait les milliards de Son et les millions de fees pour les banques qui financent sans scrupule ces opérations :
With the financial world anxiously awaiting the start of Arm’s roadshow in the hopes that Son can reignite the flaccid IPO market, Son has decided that his chip-maker is worth $64 billion because Son agreed to buy a chunk of it from Son for that price. In so doing, Son agreed to pay Son twice what Son sold it to Son for six years earlier.
Adani
Du côté de l’industriel indien, les soupçons de manipulation du marché semblent se confirmer et donner raison au mal intentionné short seller Hindenburg.
Dans une enquête menée par Dan McCrum pour le Financial Times, le conglomérat aurait mis en place des structures complexes afin de manipuler le cours de l’action.
From the outside, the Global Opportunities Fund in Bermuda looked like any regular investment fund: broad, bland, and uncontroversial.
On the inside, however, two men were using the fund for a specific purpose — to amass and trade large positions in shares of the Adani Group, one of the biggest and most politically connected private conglomerates in India.
The two men — Nasser Ali Shaban Ahli from the United Arab Emirates and Chang Chung-Ling from Taiwan — are associates of Vinod Adani, brother of the conglomerate’s founder Gautam. Their investments were overseen by a Vinod Adani employee, raising questions over whether they were front men used to bypass rules for Indian companies that prevent share price manipulation.
Elon Musk
Si les transactions ci-dessus ont pour but de sauvegarder ou d’enrichir des fortunes, d’autres ne font presque aucun sens et ne peuvent donc être perpétrées que par le génie de la fraude lui-même qui se retrouve sous enquête pour une maison en verre, ce qui équivaut à détourner 30 centimes pour le commun des mortels.
Et les chanceux
Et parfois, on n’a même pas besoin de tricher : il suffit d’être lié aux bonnes parties.
C’est ce qu’ont su faire UBS et son président et sa collaboration avec les autorités suisses avec un résultat qui en valait la peine : 29 milliards de profit en un seul trimestre ou le record du monde pour un profit trimestriel bancaire.
Ce n’est certainement pas le dernier épisode d’une acquisition qui était préparée depuis longtemps et qui s’est faite bien en dessous du prix du marché.
Merci pour fidélité, j’espère que vous apprécierez autant que moi les prochains articles que j’ai sélectionnés pour vous.