“Getting upset about Netflix, to me, is like getting upset about the weather. It’s just something that’s happening, and we have to decide what we feel about it.” - Steven Soderbergh
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Au début des années 2000, nos habitudes étaient différentes. On fumait encore à l’intérieur les Marlboro fièrement promues sur l’aileron arrière de la Ferrari de Schumacher, Netflix n’était pas encore un géant du streaming, on louait des DVD et la communication longue distance se faisait encore essentiellement par lignes téléphoniques.
Le 26 juin 2002, un des leaders de la communication longue distance faisait l’annonce suivante, ici reporté par ABC News :
“In one of the largest corporate accounting scandals ever, long-distance phone company WorldCom has revealed it cooked its books by nearly $4 billion, prompting government fraud charges and a rebuke from the president.
WorldCom said it inflated profits for five quarters, and instead of making $1.4 billion last year, actually lost money. In a statement, WorldCom acknowledged it had incorrectly listed expenses of $3.055 billion from 2001 and $797 million from the first quarter of 2002 as capital investments.”
WorldCom admettait avoir comptabilisé des charges comme des investissements, présentant ainsi des résultats plus favorables pour plus de 3 milliards de dollars.
Pour ceux qui ont préservé leur santé mentale en ne se lançant pas dans la comptabilité, la différence entre un investissement et une charge est illustrée ci-après.
L’achat d’un scooter par un ex-cryptotrader pour livrer des pizzas est un investissement (il en bénéficiera pendant environ 5 années de manière linéaire, la charge est donc étalée sur 5 ans par un amortissement). L’essence pour le faire rouler est une charge (il consommera celle-ci durant une courte période).
Si ces situations paraissent évidentes, d’autres cas de figure nécessitent un certain jugement quant à leur durée de vie.
Parmi ceux-ci, le contenu créé par Netflix. Celui-ci a pour but de vous faire rester devant votre écran le plus longtemps possible pour que vous ne résiliiez pas votre abonnement. Idéalement, vous en faites la promotion auprès de vos proches pour participe à l'augmentation du nombre d'abonnés.
Depuis janvier 2020, la plateforme a dépensé 49 milliards de dollars afin de produire ce contenu.
À de rares exceptions - telles que le décès de la Reine Elizabeth II qui redonna du souffle aux premières saisons de The Crown ou des marathoniens ayant pour objectif de regarder tout le contenu sur la plateforme - les utilisateurs semblent se ruer sur les saisons les plus récentes et ne s’attardent pas tellement sur les saisons précédentes.
S’il semble évident que Netflix bénéficiera de son contenu plusieurs années, la société ne communique pas sur les vues à travers le temps à part le Top 10 par semaine et les vues après 28 jours. Cette communication sur des données à court terme est en ligne avec l’attitude de ses utilisateurs qui consomment la majorité des heures lors de la sortie d’un contenu.
Malgré cette utilisation a priori essentiellement à court terme, pour amortir son contenu, la plateforme prend son temps. La méthode utilisée et partagée dans une présentation à ce sujet :
Décryptage : Netflix présente de manière détaillée la méthode utilisée afin que vous ne sachiez absolument pas quand la charge est reconnue! Cela peut-être 10 ans, ou moins. Il y a 90% sur quatre ans, de manière accélérée. Cela peut-être 70% la première année comme 70% la quatrième année. Et ainsi de suite.
Prochain épisode dans 6 jours, 23 heures et 55 minutes
Mardi, Netflix annonçait ses résultats trimestriels en annonçant l’abandon du service de location de DVD et les belles phrases afin de satisfaire les analystes toujours aussi affutés.
“In short, we’re off to a good start in 2023. As always, our focus remains pleasing our members and attracting great creators so that we can continue to build a wildly successful business”
Sans nous attarder sur le blabla trimestriel, nous avons compilé les investissements et amortissements du contenu de la plateforme, dont nous ne remettons pas en cause1 une méthode approuvée par… EY afin d’avoir une idée plus précise de ce “wildly successful business”.
Sans prendre position sur le bien-fondé de la méthode utilisée, nous constatons les éléments suivants : depuis 2020, la valeur nette du contenu a augmenté de 25 à 32 milliards (ou de 28%) et qu’il y a donc 7 milliards de plus à supporter les années à venir.
En même temps, pour la première fois depuis le début de la pandémie, la charge d’amortissement, bien qu’en baisse pour des raisons inexpliquées, est supérieure aux nouveaux contenus produits par Netflix, en baisse d’un milliard par rapport au trimestre précédent.
Il n’est pas certain que moins de contenu va convaincre les utilisateurs de payer pour partager leurs mots de passe ou pour payer de la publicité sur une plateforme qui se dirige donc vers un modèle qui pourrait ressembler à celui de la … télévision ?
Malgré cela, les investisseurs sont prêts à encore payer 34 années de profits pour investir dans une société où le reste du financement est obtenu grâce à des obligations à haut rendement.
Dans 34 ans, deux options :
Vous avez misé sur le bon cheval.
Netflix présentera des avertissements tels que “viande, pétrole, golf” qui auront remplacé “suicide, violence, sexe” au début d’un épisode.
Drive to Survive aura été maintenu. Les monoplaces aux ailerons estampillés de cryptomonnaies auront été remplacées par des chars à voiles et des publicités pour un voyage sur Mars. Kylian Verstappen, futur fils de Max Verstappen, est champion du monde pour la 2e fois.
Il faudra payer un abonnement supplémentaire pour regarder les séries en accéléré.
Vous avez été Netflixé™. Le streaming aura disparu comme la location de DVD.
Faites vos jeux, la saison des résultats est ouverte.
D’autres ont mis en doute la justification de la méthode utilisée, notamment Behind The Balance Sheet et
ici Reed Hastings and the Myth of the Great Man -