“I'd rather be optimistic and wrong than pessimistic and right.” - Elon Musk
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Si dans certains jeux vous pouvez passer votre tour et décider de ne pas faire de mouvement, aux échecs, vous devez faire un mouvement.
Lorsque tous les coups possibles sont mauvais pour un joueur, le terme d’origine allemande est alors utilisé : Zugzwang ou “contrainte de bouger”.
La défaite d’un joueur dans une telle position est alors souvent imminente.
Le Roi Elon Musk, sa dame Tesla et ses autres sociétés s’approchent d’une situation de Zugswang ou tous les coups encore possibles sont mauvais.
Contrairement aux échecs où les mouvements effectués sont évalués dès la fin de la partie, l’effet de décisions stratégiques entrepreneuriales peut prendre plus de temps à se manifester, particulièrement dans un contexte où l’argent a coulé à flots durant la décennie précédente.
Bénéficiant d’une aura lui ayant permis de marcher sur l’eau avec des médias et une fanbase prenant pour argent comptant tout ce qu’il raconte, il est temps de faire un point sur l’échiquier de l’empire Musk.
Quelles pièces lui reste-t-il et quels sont les prochains coups possibles ?
L’Oiseau fou Twitter
Le réseau social acquis à la suite d'une blague s’est rapidement transformé en oiseau de mauvais augure pour le milliardaire dont il semble utile de rappeler les objectifs partagés il y a moins de douze mois, bien résumé par
dans son article Falling with Style :Such is the life of Elon Musk, a man who has spent the last year playing make-believe that he was Twitter’s salvation on such a scale that he would take the company to a $250 billion valuation. He has claimed that he would “solve” a bot problem that may have never truly existed, that he would share revenue with Twitter blue subscribers, that all major policy changes would go to a public vote, that he would authenticate “all real humans,” that he would form a content moderation council, and, of course, that he would step down as CEO.
À part changer le logo en dogecoin, certifier des personnalités mortes comme Hugo Chávez et créer un chaos total, rien de tout cela ne s’est produit.
Ce chaos pose un problème : les revenus publicitaires sont en baisse et ne permettront certainement pas de payer les intérêts ayant financé cette acquisition sur un coup de tête.
Twitter n’est pas en bonne position et aura certainement besoin d’une autre pièce pour lui venir en aide afin de payer les milliards d’intérêts dus sur ses emprunts.
La tour SpaceX
Le projet qui lui tient le plus à cœur.
Nous laisserons les spécialistes en fusée se prononcer sur le bien-fondé d’essais détruisant l’entier des installations et projetant des débris des miles à la ronde dans une réserve naturelle.
Par contre, une chose est sûre, les éventuels prochains essais - s’ils peuvent être maintenus - vont nécessiter du financement supplémentaire au vu des nombreuses levées de fonds effectuées ces dernières années.
La Dame Tesla
Jusqu’à ce jour, Tesla a été la vache à lait de son empire, qui lui a permis de retirer plus de bénéfices personnels que les bénéfices jamais réalisés depuis la création du constructeur.
Au 31 mars 2023, Elon Musk a perçu une compensation totale de plus de 50 milliards de dollars alors que le total des bénéfices cumulés nets depuis 2010 s’élève seulement à 13 milliards (incluant des crédits carbone et autres aides gouvernementales).
Cette fortune a permis de faire bouger ses autres pions comme bon lui semblait en finançant ses impulsions (Twitter) et ses rêves (SpaceX).
Malheureusement, la croissance et la “demande infinie” pour les Tesla et les profits sont à bout de souffle.
Sur les trois premiers mois de l’année, hors crédits gouvernementaux, Tesla ne génère plus de trésorerie.
Malgré de nombreuses baisses de prix, la demande stagne, impactant les marges. Les stocks s’accroissent, tout comme la capacité de production, mais pour les vendre à qui?
Une analyse de
montre que la capacité de production du modèle Y représente 46% du marché mondial des voitures électriques premiums.Pourtant, le constructeur continue d’investir (ou de capitaliser des charges?). Les investissements s’élèvent à deux milliards de dollars pour le premier trimestre.
Arrive alors la vision future. La R&D et les autres inventions qui vont transformer Tesla en machine à cash dont l’éternel “robotaxi” - qui devait rapporter 30,000 dollars par an à ses utilisateurs -, des robots humanoïdes et autres inventions à venir.
La réalité ? Moins de 5% sont alloués à la recherche et au développement.
À titre de comparaison, en 2022, VW a investi 18 milliards d’euros en R&D ou plus de 8% de ses revenus.
Le Roi Elon
Où est à présent le Roi sur l’échiquier ? Nous ne saurions mieux résumer sa position qu’Ed :
Musk has spent over a decade coasting on a reputation fundamentally buoyed by other people’s inventions and a media industry that failed to hold him accountable. He has fumbled and tumbled his way into past successes as a successful operator — someone who can get people to sign things and send money to other places — without ever really having to prove that he himself is capable of making the decisions that make a company successful. Tesla’s market share is dropping, the Boring Company doesn’t seem to be doing anything other than dump wastewater in a Texas river, and he has said that Twitter is “near break even” at least four times despite saying in November 2022 that it’s losing $4 million a day.
Si vous croyez encore à son discours, vous avez été Muské™.
L’ironie dans tout cela, c’est que la faillite de Tesla - dont la lettre Q est ajoutée au symbole de cotation du titre - devient populaire sur le réseau qu’il a acheté trop cher.
L’avenir nous dira si l’optimisme suffira pour que le Roi se sorte de sa position sur un échiquier de plus en plus glissant et où le nombre de coups encore possible s'amoindrit jour après jour.
Dernier Zugswang, pas plus tard qu’hier :