“Truth is more in the process than in the result.” Jiddu Krishnamurti
La rémunération des dirigeants alimente les débats politiques et autres discussions de comptoirs depuis bien longtemps.
Sur les centaines de pages des rapports annuels publiés des sociétés, les médias s’attardent souvent sur ce qui est devenu dans la plupart des pays obligatoire ou vivement conseillé : des informations détaillées sur la rémunération de leurs dirigeants.
Pourtant, il s’agit dans la plupart des cas d’une question de principe plus que d’une réelle problématique pour les actionnaires et autres parties prenantes de la société, les quelques dizaines de millions empochés par les dirigeants représentants souvent une fraction des charges des multinationales en question et impactent donc que faiblement la profitabilité de celle-ci.
Les salaires des dirigeants reposent sur un processus établi par un comité indépendant. Ainsi, en principe, la rémunération reflète la performance atteinte tant au niveau de l’entreprise qu’individuelle . À titre d’exemples, en 2022, la rémunération de l’un des méchants préférés des Français, Patrick Pouyanné, patron de TotalEnergies, était de 7.3 millions d’euros pour un profit de 20 milliards d’euros, soit moins de 0.1%. Le patron du Credit Suisse a lui dû renoncer à l’intégralité de son bonus.
Il y a des exceptions et des extrêmes. Steve Jobs ne recevait pas de salaire en tant que CEO d’Apple alors qu’il y a dix ans, Larry Ellison, patron d’Oracle, a vu sa rémunération atteindre les 100 millions de dollars.
Et puis, il y a Elon Musk et Tesla, dont la rémunération est aussi extrême que le cours boursier de sa société.
Mercredi, la décision suivante est tombée :
Elon Musk’s $55bn pay package from Tesla has been voided by a Delaware judge, who ruled that the unprecedented remuneration was improperly approved by the electric-car maker’s board of directors and had short-changed the company’s shareholders.
Pour l’analyse, on se tourne vers Bloomberg:
The judge’s ruling that the board was conflicted in awarding Musk the giant compensation package will hardly surprise any longstanding Tesla watchers. The company’s board, whose longest serving member is Musk’s own brother, has long been something more like an ongoing satire of a board. It has presided over numerous Musk outrages and dubious corporate moves, not least the acquisition of SolarCity Corp. — which owed Musk money — and the supposed take-private deal that will forever be associated with the less-than-watertight phrase “funding secured.”
À court terme, la décision devrait réjouir les investisseurs de Tesla qui voient mécaniquement la valeur de leurs actions augmentée.
Par contre, l’absence de gouvernance qui a poussé la juge à annuler une rémunération proposée par le comité de rémunération (qui a lui-même été condamné séparément à restituer une partie de sa rémunération jugée excessive) et validée par les actionnaires il y a plus de cinq ans devrait les inquiéter.
La juge a rendu un rapport de 200 pages sur les manquements lors de l’octroi de ce plan de compensation, qui ressemble à un scénario d’une fiction sur Netflix :
The process leading to the approval of Musk’s compensation plan was deeply flawed. Musk had extensive ties with the persons tasked with negotiating on Tesla’s behalf. He had a 15-year relationship with the compensation committee chair, Ira Ehrenpreis. The other compensation committee member placed on the working group, Antonio Gracias, had business relationships with Musk dating back over 20 years, as well as the sort of personal relationship that had him vacationing with Musk’s family on a regular basis. The working group included management members who were beholden to Musk, such as General Counsel Todd Maron who was Musk’s former divorce attorney and whose admiration for Musk moved him to tears during his deposition. In fact, Maron was a primary gobetween Musk and the committee, and it is unclear on whose side Maron viewed himself. Yet many of the documents cited by the defendants as proof of a fair process were drafted by Maron."
Heureusement pour Tesla et Elon Musk, ils bénéficient du soutien d’un culte prêt à sauter sans parachute pour soutenir son leader, permettant ainsi de continuer à repousser la frontière entre réalité et fiction.
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