“The best thing you can do with environmentalists is shoot them.” - Michael O’Leary, CEO de Ryanair
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En 1972, un collectif de grands noms connu sous le nom de Club de Rome a entrepris d’établir les limites de la croissance économique. Inquiets de l’état de la planète, ils ont alimenté un ordinateur avec tout ce qu’ils savaient sur les rendements agricoles, les ressources naturelles, les tendances démographiques, etc.
La conclusion de l’ordinateur fut la suivante : compte tenu des contraintes écologiques, le niveau de vie le plus élevé possible était celui équivalent à la moitié du niveau américain de l’époque. Tout ce qui allait au-delà risquait un désastre imminent, un « déclin soudain et incontrôlable de la population et de la capacité industrielle ».
Ce désastre imminent a été confirmé à maintes reprises, poussant les pouvoirs politiques à prendre des mesures. En Europe, un pacte vert pour le climat a été adopté conformément aux accords de Paris :
Le changement climatique et la dégradation de l’environnement constituent une menace existentielle pour l’Europe et le reste du monde. Pour relever ces défis, le pacte vert pour l’Europe transformera l’UE en une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive, garantissant:
la fin des émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2050,
une croissance économique dissociée de l’utilisation des ressources,
que personne n’est laissé de côté.
Plus particulièrement :
La Commission européenne a adopté une série de propositions visant à adapter les politiques de l’UE en matière de climat, d’énergie, de transport et de fiscalité en vue de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990
L’Union européenne précise que chaque industrie a son leur rôle à jouer :
All parts of society and economic sectors will play a role – from the power sector to industry, mobility, buildings, agriculture and forestry.
Si l’Europe semble bien en retard sur ses objectifs et son impact semble malheureusement bien moindre pour la planète, il est intéressant de voir comment se traduisent les efforts de l’industrie pour atteindre ces objectifs ambitieux. Si nous avons déjà vu que le luxe ne faisait aucun effort, concentrons-nous à présent sur le secteur de l’aviation qui contribue à un peu plus de 2% des émissions totales.
Prenons le leader européen, Ryanair.
Sans surprise, comme toutes les entreprises, Ryanair a sa page “2050 net zero” et bien entendu, l’objectif sera atteint d’ici 2050. Vous avez même la chance de voler avec la compagnie la plus verte d’Europe.
Pour y arriver, la compagnie vous montre comment elle s’y prend :
Tout d’abord, il convient de noter que Ryanair parle de réduction et non de suppression : que cela soit des améliorations technologiques ou opérationnelles ou l’utilisation de fuel vert (SAF), ces mesures sont aussi neutres en émissions de CO₂ qu’un rhum martiniquais est neutre en alcool lorsqu’il est utilisé pour préparer un Cuba libre.
Reprenons ce cocktail neutre en CO₂ dans l’ordre.
Améliorations technologiques et opérationnelles
Si la compagnie irlandaise compte bien s’équiper d’avions moins gourmands en énergie, elle compte avant tout augmenter ses opérations. L’opérateur vient d’acquérir pas moins de 300 Boeing 737 Max-10 pour la modique somme estimée à 40 milliards de dollars, ici reportée dans le Financial Times :
Ryanair chief executive Michael O’Leary has vowed to push for breakneck growth and win more market share from rivals in Europe, as he presses ahead with a goal to double passenger numbers over the next decade.
The airline’s ambitious new target to fly an annual 300mn passenger by 2034 would be more than any airline has yet managed.
“I think the thesis that there’s no more growth in Europe, [and that] Europe is completely tapped out, is wrong,” he told the Financial Times.
The company bought 300 short-haul aircraft in a $40bn deal with Boeing earlier this month. But some investors and analysts question whether there are enough passengers left to carry in Europe, particularly at a time of rising climate concerns when policymakers are raising carbon taxes on flying.
Ce deal sent la réduction d’émission à plein nez. Pas besoin d’être Jean-Marc Jancovici pour faire le calcul. D’après la compagnie, les nouveaux avions permettent d’utiliser 20% moins de fuel et transporter 20% de plus de passagers.
D’après son rapport “2022 Sustainability Report”, 81% des émissions de Ryanair provenaient de l’émission de carburant transportant les passagers, ou 9,193,324 MtCO2e de plus que zéro.
Reprenons ces données pour voir quel sera le chemin parcouru vers le zéro émission en 2050 d’ici 2034.
Il semblerait que du côté opérationnel, on n’est pas encore prêt pour l’atterrissage.
Utilisation de bio fuel SAF
Un tiers des émissions sera supprimé grâce au bio fuel (SAF)
La compagnie pense toutefois en utiliser… 12.5% sur l’ensemble de son carburant en 2030, sachant que le bio fuel émet encore 20% de CO₂ (sans compter les autres impacts sur l’environnement pour le produire), nous ne mettrions pas toutes nos pièces sur cet axe pour réduire les émissions de 34% de l’ensemble de la flotte d’ici 2050.
À trafic constant, il faudrait que près de 50% des avions volent grâce au bio fuel en 2050.
D’après le Wall Street Journal et d’autres études, l’entier des déchets de la planète permettant de produire du bio carburant est bien en dessous des besoins du secteur de l’aviation.
Today the fuel is largely produced from crops such as soybean, canola and rapeseed as well as used commercial cooking oils and waste animal fats. Other emerging feedstocks are municipal solid waste, algae, wood waste, alcohol and even green hydrogen. About 6 million metric tons of used cooking oil and 27 million metric tons of animal fats are traded globally every year, which would cover only around 5% of jet fuel consumption, according to BloombergNEF.
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Single European Sky Initiative
10% de réduction viendront ensuite de l’initiative vieille de vingt ans d’harmoniser le ciel européen afin d’améliorer le temps de vol des avions et de supprimer le temps de vol inutile.
En plus de supprimer les vols entre Paris et Nantes, il faudra trouver bien plus de mesures permettant de réduire le temps de vol non nécessaire afin de compenser l’augmentation du trafic attendu !
Compensation et autres mesures
Reste alors l’ultime joker, celui qui permettra d’atteindre ce fameux 0 : les compensations.
Les compensations sont au climat ce que sont les cryptomonnaies à la finance, le paradis des arnaqueurs. Même
et Greenpeace sont en accord sur ce point :“Carbon offsetting is truly a scammer’s dream scheme.
It’s a bookkeeping trick intended to obscure climate wrecking-emissions. It’s tree planting window dressing aimed at distracting from ecosystem destruction.
It is the next big thing in greenwashing — and we must not be fooled.”
Elles mériteront donc un épisode qui leur est entièrement consacré.
D’ici là, bon vol pour ceux qui partent en weekend et à vendredi prochain.
Read on a RyanAir flight... couldn’t agree more. Think it was great to take some analysis from Doomberg & apply it on Ryanair & their position. Think we’ll have magic carpets before they’re “carbon neutral”.
Et pourtant de toutes les compagnies aériennes en Europe, Ryanair et easyjet, faisant essentiellement des vols intra-européens, sont les plus régulées avec les EU et UK ETS.
Libre à Ryanair de choisir de diminuer ses émissions ou payer des credits/pénalités dans le future
https://www.transportenvironment.org/discover/ryanair-and-wizz-air-pollute-more-than-ever/?trk=public_post_comment-text