“Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy” - Michael Saylor
Le 20 mars 2000, après un début de carrière chez McDonald’s, Michael Saylor battait un record qui ne fait pas partie de ceux répertoriés dans le Guinness book : il perdait 6 milliards de dollars en un seul jour suite au plongeon de 62% de la valeur des titres de MicroStrategy, une société active dans les logiciels informatiques dont il était alors actionnaire majoritaire à 56%.
Cette chute faisait suite à un communiqué où la société admettait que les revenus de l’exercice 1999 avaient été gonflé artificiellement de 25% et que le profit annoncé auparavant était en fait une perte.
L’éclatement de la bulle technologique au début des années 2000 a été suivie par la transition entre le web 1 - celui où l’on recevait de l’information passivement - et le web 2, un web participatif où les données des utilisateurs devenaient le produit qui a fait la fortune des géants de la technologie que l’on connait aujourd’hui.
MicroStrategy et Michael Saylor ont survécu à leur fraude et ont vivoté parmi les sociétés cotées américaines durant 20 ans sans jamais vraiment décoller. En 2020, MicroStrategy était une société bénéficiaire valorisée à 1.2 milliards de dollars dont les parts dans la société à hauteur de 25% de Saylor représentaient alors environ 300 millions de dollars.
Arrive le web 3 - un web qui se veut décentralisé et inclusif, mais qui est en fait celui où vous n’êtes plus le produit mais le revenu (pigeon) des plateformes de cryptomonnaies et où être multimillionnaire n’est plus suffisant, les cryptos vous permettant d’être beaucoup plus riche, beaucoup plus rapidement.
Saylor découvre alors “l’or digital” et en bon capitaine à la dérive, il décide, à la place d’acheter quelques bitcoins avec sa fortune personnelle, d’en faire bénéficier les actionnaires de MicroStrategy et annonce donc le 11 août 2020 avoir acheté 21,454 bitcoins à un prix moyen de 11,652 chacun pour 250 millions de dollars.
Le miracle des cryptos opère et le 7 décembre l’action s’est envolée et s’échange à 330 dollars grâce à un bitcoin à 19,000 dollars. On arrête pas une équipe qui gagne et ayant dépensé tout le cash de la société pour acheter ses premiers bitcoins, MicroStrategy contracte alors une dette sous forme d’obligations convertibles afin de poursuivre ses achats.
Le 9 février 2021, avec un bitcoin toujours en direction de la lune à 47,000 dollars, le titre de MicroStrategy montre un deuxième signe de vie en vingt ans et atteint 1,315 dollars.
La fortune de Saylor atteint alors au moins 3 milliards de dollars. Sur le papier.
N’ayant plus accès à de la dette sans garantie, Saylor hypothèque alors son business de logiciel : il obtient 500 millions supplémentaires en mettant en garantie les actifs et les profits futurs de l’activité de logiciels et ajoute 13,005 bitcoins à un prix moyen de 37,616 dollars à l’escarcelle de sa société transformée en holding de bitcoins.
Ces all-in successifs ne lui ont pas suffi et comme bon joueur compulsif qui a déjà emprunté à tous les joueurs autour de lui et qui a mis sa Rolex et la clé de sa voiture sur la table, Saylor passe alors en mode full serpent-qui-se-mord-la-queue et met en garantie… l’équivalent de 820 millions de dollars de bitcoins, pour acheter 205 millions de bitcoins via un prêt sur marge.
Je mets mes jetons de poker en garantie pour avoir plus de jetons de poker.
Prêt sur marge dont nous avons déjà exposé les risques ici, et qui peut rapidement entraîner une spirale négative lorsque le collatéral doit être vendu.
Dans le cas précis, le directeur financier de MicroStrategy annonce un appel de marge aux alentours de 20,000 dollars le bitcoin, qui pouvait sembler bien loin pour certain en début d’année, mais dont on s’en approche dangereusement jours après jour.
Bien conscient que la survie de sa société dépend du prix du bitcoin - qui dépend de l’afflux de pigeons afin de maintenir son prix - le capitaine Ponzi vous sort des tirades qui ressortiront certainement dans quelques années dans le classement des phrases les plus idiotes prononcées par les promoteurs des cryptomonnaies, et il y a de la concurrence:
“Once you know how it all ends, the only use of time is…how do I buy more bitcoin? But take all your money and buy bitcoin. Then take all your time, figure out how to borrow more money to buy more bitcoin. Then take all your time and figure out what you can sell to buy bitcoin. And if you absolutely love the thing, that you don’t want to sell it, go mortgage your house and buy bitcoin with it. And if you’ve got a business that you love because your family works for the business and it’s in your family for 37 years, and you can’t bear to sell it, mortgage it, finance it, and convert the proceeds into the hardest money on earth, which is bitcoin.”
On ne sait pas si il faut rire ou pleurer à lire de telles phrases, sachant que la quantité de pigeons ayant tout perdu à cause des cryptomonnaies augmente jour après jours.
Le Tweet de la semaine
La leçon de la semaine
Pour ceux qui croyaient encore que le bitcoin était un monnaie inclusive pour tous, désolé de vous apprendre que la plupart des bitcoins sont centralisés autour de quelques dirigeants de Wall Street qui faisaient partie des crises financières précédentes.
Quelqu’un m’a dit que les cryptomonnaies n’étaient pas un casino, que le prix dépend de l’offre et de la demande.
C’est vrai, la partie du casino est plutôt celle où il faut choisir la bonne crypto, au bon moment, comme à la roulette.
On verra toutefois quelle sera la demande quand Saylor, qui vous conseillait d’hypothéquer votre maison afin d’acquérir des bitcoins, n’aura plus le choix que de vous les revendre pour honorer ses dettes, en dollars.
Demande qui risque alors également de s’effondrer pour les titres de MicroStrategy: le business des logiciels sert à présent essentiellement à payer les intérêts qui ont financé l’achat des bitcoins, car on avait failli l’oublier : le bitcoin ne génère rien à part de l’espoir et du CO2.
Pas mal celui la ! Vivement la suite ahah au prochain épisode