Le robot de trop
Chacun se rappelle(ra) du moment où il a été muské. Le robot humanoïde de Tesla fait partie de l'un de ces moments.
“The overwhelming focus is on solving full self-driving. That’s essential. It’s really the difference between Tesla being worth a lot of money or worth basically zero” - Elon Musk
L’industrie automobile comporte de nombreuses barrières à l’entrée : les investissements sont énormes, les coûts de production significatifs, les risques de réputation liés à la moindre erreur sont constants.
La semaine dernière, lors de l’introduction en bourse d’une partie de son capital par VW, Porsche atteignait une valorisation de 75 milliards d’euros.
Pré IPO, Reuters comparait la valorisation de Porsche avec ses principaux concurrents ainsi :
At the upper end of estimates, Porsche's valuation would still be lower than that of luxury carmaker Ferrari on benchmark measures, though higher than some other premium automakers, according to bankers working on the deal.
A valuation of 65-85 billion euros for Porsche would correspond to an enterprise value of 8.5-11.3 times its forecast earnings before interest and tax for 2023, and a price-to-earnings (PE) ratio of 12.6-16.5, one banker involved in the deal said.
Ferrari currently trades at a PE ratio of 35 for 2023 estimates, according to Refinitiv data, but Mercedes-Benz and BMW trade between 4.5 and 5 times on the same basis, the data show.
Cette valorisation est plutôt flatteuse pour Porsche, dont la valorisation continuera certainement de s’effriter les prochaines semaines, les introductions en bourse ayant entre autres pour objectif d’enrichir les banquiers au détriment des petits investisseurs sur leur application Robinhood.
Bien que flatteuse, cette valorisation est bien loin de la valorisation de Tesla qui s’échange encore à plus de 50 fois ses profits malgré une période de croissance qui est maintenant derrière elle.
Elon Musk a compris depuis longtemps que pour atteindre une valorisation stratosphérique, Tesla devait se positionner comme une entreprise globale et révolutionnaire, entre innovation technologique et sauvetage de la planète.
L’objectif ici n’est pas de débattre sur l’avenir de la voiture électrique qui se terminera certainement comme l’arrêt des centrales nucléaires : on ressortira de vieilles voitures polluantes comme l’on rallume les centrales à charbon lorsque l’on se rendra compte qu’il est impossible et pas viable d’équiper toutes les voitures avec des batteries en lithium.
Ni de rappeler que le marché de la voiture électrique est de plus en plus concurrentiel (cf graphique ci-dessus) et que celui-ci demeure un marché à faibles marges.
Mais de s’interroger combien de fraudes ce narratif d’entreprise révolutionnaire survivra-t-il encore ?
Chacun à son moment où il se rend(era) compte qu’il a été muské™.
Pour Edward Niedermeyer - auteur de l’excellent ouvrage “Ludicrous - The Unvanished Story of Tesla Motors” - c’était lorsqu’il s’est aperçu en 2015 que les stations de recharges de batteries - soi-disant permettant de changer une batterie en 90 secondes - étaient en fait des stations de recharges alimentées par des générateurs diesel.
Certains lorsqu’Elon Musk a organisé l’achat de sa société de panneaux solaires au bord de la faillite à un prix que personne d’autre n’aurait payé afin de sauver son empire (il n’a finalement pas été reconnu coupable)
D’autres lorsqu’après 10 ans le système d’autopilote ne fonctionne toujours pas malgré… ses éternelles promesses.
D’autres sûrement lorsqu’ils ont appris - certainement en même temps que ses propres ingénieurs - que le tant attendu et en retard Cybertruck serait… amphibien.
Et puis, il y a eu vendredi dernier - où tous ceux qui avaient déjà été muské™ savaient que cette présentation ne serait rien d’autre que du vent pour maintenir ce qu’est vraiment Tesla: une machine à faire grimper le prix de l’action.
Et l’on n’a pas été déçu, résumé ici dans le Financial Times, qui, il faut le dire, est tout de même sévère envers les ingénieurs qui ont fait de leur mieux avec leur cerveau :
A rudimentary prototype of the robot that Elon Musk claims will one day be a part of everyday life for millions of people made its first, tentative public appearance late on Friday: pushed on stage by three Tesla workers, lacking a brain, and barely able to wave to an audience.
La brève analyse suivante sous forme de diagramme de venn montre les caractéristiques des personnes ayant regardé la présentation :
Heureusement pour Elon, les analyse stupides ne manquent pas chez ses fans :
Dans tous les cas, si vous avez aimé la présentation d’Optimus, vous allez adorer le robot Asimo de Honda, créé il y a 22 ans.
N’hésitez toutefois pas à continuer d’investir dans Tesla, ses dirigeants vous feront un plaisir de vous revendre leurs actions.
Vous aussi, vous avez été muské™. Et pourtant, Elon vous l’avait dit : Tesla sans ses technologies vaut 0. Ses technologies ne fonctionnent pas. Tesla vaut 0.
Pas besoin de faire un diagramme.