"Digital hot air is not a commodity. Things that can created in infinity quantity, ex nihilo, at zero cost have no economic purpose." - Stephen Diehl
Pour les joueurs acharnés, une fois la semaine terminée sur les marchés, vous pouvez faire toute sorte de paris sportifs.
Lorsque vous pariez au coin du bar le prochain pastis avec votre compère, c’est un jeu à somme nulle : il y aura un gagnant (+ 1 pastis) et un perdant (- 1 pastis).
Les plateformes de paris en ligne permettent simplement de mettre en relation un plus grand nombre de parieurs, pouvant ainsi faire des mises sur tout et n’importe quoi et surtout, ajuster les cotes en fonction des probabilités de victoire d’une équipe ou l’autre.
Le total de l’argent parié n’étant pas entièrement redistribué - une partie est gardée par l’organisateur - cela devient alors un jeu à somme négative.
La bourse a un objectif similaire : mettre en relation des acheteurs et des vendeurs en temps réel. Vous voulez vendre vos parts LVMH, la bourse vous trouve un acheteur. Vous voulez profiter de la vague de l’intelligence artificielle ? Quelqu’un, quelque part, vous vendra ses actions.
Si la transaction entre l’acheteur et le vendeur n’a guère plus d’influence sur l’entreprise échangée que le parieur a d’influence sur la performance du quinze de France, une différence notable se situe dans le fait que derrière ces titres, il y a des entreprises qui entreprennent une activité économique.
LVMH vous vend des sacs qui ont couté plus cher à promouvoir qu’à produire, Tesla les mêmes voitures depuis 5 ans, etc. et plus les acteurs de ce marché sont enthousiastes quant aux perspectives futures des ces activités économiques, plus le prix augmentera et vice-versa.
Les actions ne sont pas un jeu à somme nulle : ce n’est pas parce que vous achetez un titre que quelqu’un d’autre a perdu la même somme. L’ensemble des acteurs bénéficient de la création de valeur générée par ces entreprises au cœur du système capitaliste, générant les rendements nécessaires aux caisses de pension, aux assurances et permettent de déterminer le prix de matières premières essentielles au bon fonctionnement de l’économie.
La bourse est née pour faciliter ces échanges : c’est une solution à un problème.
Il y a quelques années sont nées des plateformes d’échanges très proches de la bourse : les plateformes de cryptomonnaies.
Le plus grand exploit de celles-ci a certainement été de faire croire au public, aux médias et aux régulateurs que leur activité s’approchait de celle d’une bourse plutôt que d’un jeu en ligne à somme (très) négative.
Des millions ont été dépensés pour faire croire que ces plateformes étaient une solution à un problème et devaient être considérées comme une nouvelle classe d’actif.
Elles sont le problème. Des milliards ont été perdus et des milliards supplémentaires seront perdus jusqu’à ce que la valeur de cette industrie s’approche de celle d’un Pog perdu dans un cours de récréation dans les années nonante.
On se rend compte que le bitcoin n’était pas la couverture contre l’inflation, qu’un NFT peut être remplacé par un QR code et que le Dogecoin ne sert à rien.
C’était pourtant gros comme un casino, comme le résume parfaitement Jemima Kelly dans le Financial Times
Crypto is not just a zero-sum game, in which one person only gains if another person loses; its many moral deficiencies make it a negative-sum game. The idea that a shop such as FTX — and crypto businesses in general — could be an improvement on the existing financial system only makes sense if we are to value that system simply on the basis of how much money is being creamed off at the top.
Pire, les effets se propagent sur l’économie réelle. Les jeunes et moins jeunes analysent à longueur de journée des courbes vertes et rouges en pensant prédire un prix manipulé par quelques acteurs de la même manière que des titres cotés depuis des décennies, faisant alors paraitre les meme stock comme une classe d’actif défensive.
Si tout se termine mal, les fondateurs se retrouvent en prison, si tout se termine bien, les utilisateurs auront simplement perdu l’essentiel de leurs économies au profit des propriétaires dont le seul objectif était de générer des profits dans n’importe quelle monnaie pourvu qu’il ne s’agisse pas d’une crypto.
Tout cela grâce à un système qui avait décidé de classer les jetons magiques d’internet dans la mauvaise case.
Cela fait deux ans que j’ai parié sur le résultat qui est en train de prendre forme.
Merci pour le pastis.