“You’ll own nothing. And you’ll be happy.” - World Economic Forum
En 2008, j’ai participé au World Economic Forum (WEF), non en tant qu’expert, mais comme sous-traitant du sous-traitant s’occupant de la partie évènementielle.
Le thème, cette année-là, était “The Power of Collaborative Innovation”. Encore jeune étudiant plein d’ambitions, je ne m’étais pas encore rendu compte que ce thème - qui ne veut rien dire - n’était qu’une excuse pour que l’élite mondiale fasse des affaires autour de cocktails tout en faisant croire au commun des mortels qu’ils allaient résoudre des problèmes pour le reste d’entre nous.
Depuis, la devise “Committed to Improving the State of the World” sonne de plus en plus faux.
Imaginez, en 2024, - sur fond de crise climatique et d'incertitudes géopolitiques mondiales - un forum, dirigé par son fondateur de 86 ans aux allures de méchant de James Bond, ayant lieu dans les Alpes suisses où les mêmes participants viennent chaque année avec leur propre avion. Et choisir le thème : “Rebuilding Trust”.
Un restaurant végane n’aurait pas fait mieux en mettant une entrecôte et du foie gras sur son menu.
Même les médias qui pourraient sembler conquis à la cause du WEF n’y croient plus, ici une opinion dans le FT :
It has become something of a cliché to call out the hypocrisy — and the detachment from reality — of the elites who descend on the Swiss Alpine village each year. But the hubris among the Davos set is palpable. […] The truth is that Davos is losing its relevance and increasingly seems out of touch with the spirit of the times. Once a place, perhaps, where people with starkly different perspectives could talk on neutral ground, it has become so associated with one particular pro-capitalism, pro-globalisation worldview that many of the world’s most powerful people — including the world’s richest man, Elon Musk — would now rather poke fun at it online than attend.
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Alors que l’écart de richesse entre riches et pauvres continue de se creuser, voici un aperçu de ce qui a été fait pour “rétablir la confiance”.
En 2022, le patron d’Alibaba n’a certainement pas rétabli celle de ceux qui sont attachés à leur liberté individuelle, dans un panel, il détaillait ce que le géant chinois était en train de développer :
“À travers la technologie, nous développons la possibilité pour les consommateurs de mesurer leur propre empreinte carbone. Qu’est-ce que cela signifie ? Où ils se déplacent, comment ils se déplacent, ce qu’ils mangent, ce qu’ils consomment sur notre plate-forme. Donc des traceurs individuels d’empreinte carbone.”
Bill Gates a lui certainement renforcé la confiance des conspirationnistes-virologues-climatosceptiques :
Les banquiers en ont profité pour donner leur avis sur les cryptomonnaies, qui doivent certainement une partie de leur essor à la déconnexion de la réalité véhiculée par le WEF.
Jamie Dimon, patron de JP Morgan, fidèle à lui-même, sur le bitcoin :
“This is the last time I’m talking about this with CNBC, so help me god,” Dimon told CNBC before offering a curt answer when asked about Fink's views of bitcoin — given BlackRock launched a spot bitcoin ETF last week. "I don’t care. So just please stop talking about this shit," he said.
Howard Lutnick, CEO de Canton Fitzgerald, tentait de redonner confiance aux sceptiques sur le Tether - et plutôt que de faire référence à un audit ou une évidence irréfutable, il se contenta d’affirmer :
"I manage many of their assets," said Lutnick, who brought up crypto in the interview that was streamed live from Davos, Switzerland. "From what I've seen – and we did a lot of work – they have the money they say they have."
Moins en confiance, les passagers de Boeing, qui continue d’aligner les bonnes nouvelles en 2024 :
Un peu trop en confiance peut-être, Javier Milei, le nouveau président argentin, oubliant peut-être qu’il s’adressait à la crème du capitalisme mondial - dont les profits du top 148 ont atteint 1,8 trillion de dollars l’an dernier - lors de son discours :
“Aujourd'hui, je suis ici pour vous dire que le monde occidental est en danger. Il est en danger parce que ceux qui sont censés défendre les valeurs de l'Occident sont récupérés par une vision du monde qui mène au socialisme, et donc à la pauvreté. "
Finalement, après une journée bien remplie, rien de mieux qu’une soirée à Davos pour savourer la confiance rétablie :
Forget the fondue. Caviar, magic mushrooms, gold-leaf desserts, A-list selfies, $2,500-per-night hookers and secret dinners are likely to be on the menu as scores of private jets touch down in Switzerland as soon as Sunday to bring the world’s elite to the small Alpine resort town of Davos for what’s officially known as The World Economic Forum 2024.
Il reste à espérer pour eux qu’il n’y a pas de selfie qui s’échappe sur les réseaux sociaux, sinon, il faudra faire quelques efforts pour regagner la confiance de son partenaire lors de son retour à la maison.
Ce qui est plus facile lorsque l’on ne fait pas partie de ceux “qui ne possèdent rien, mais qui sont heureux”.
Tapez sur le cœur ♡ pour booster la confiance de l’ours.