“Buy land, they're not making it anymore.” Mark Twain
Au début des années 2000, rien ne semblait arrêter Shanghai, la capitale économique chinoise. Les gratte-ciel poussaient à vue d'œil, de nouveaux quartiers prenaient forme au rythme des trimestres et de nouveaux lieux branchés ouvraient leurs portes chaque semaine.
Aujourd'hui, si l’importance de la Chine dans l’économie ne se discute plus, l’image d’un eldorado où tout est possible est quelque peu différente et la réalité qui se dessine est celle d’un pays où chaque geste est contrôlé et où la croissance qui semblait infinie ralentit.
Evergrande - le plus grand développeur immobilier chinois - est en faillite, le pays compte plus de 60 millions d’appartements vides et l’acier produit excède les besoins domestiques :
Chinese steel exports are at an eight-year high as a property crisis undermines domestic consumption in the world’s second-largest economy and fuels concerns of global oversupply across several industries. In the first two months of this year, Chinese exports increased 32.6 per cent against a year earlier to 15.9mn tonnes, the highest since 2016 for the period, according to figures from the National Bureau of Statistics. Analysts believe Chinese steel exports are set to match or exceed levels from last year, when exports rose to about 90mn tonnes — the highest level in seven years — as China struggles to stimulate its economy and nascent efforts to cut production look insufficient.
Une partie importante du surplus d’acier chinois finit certainement dans le nouvel eldorado de la croissance infinie : Dubaï.
Vingt ans après avoir passé six mois à Shanghai, j'ai ressenti à Dubaï la même impression : tout est beau, tout est neuf, tout est possible.
Malgré une expansion fulgurante ces dernières années, rien ne semble arrêter l’émirat, qui, en plus d’héberger les discussions du GIEC sur le futur de la planète au terminus d’une autoroute à huit voies, prévoit des dizaines de projets dont le principal mot d’ordre est de battre les précédents records.
Dubaï, c'est le concept de durabilité calqué sur le modèle économique des cryptomonnaies : une offre quasi infinie pour une demande qui ne le sera pas.
La ville compte déjà parmi le plus d’hôtels 5 étoiles au monde et compte bien continuer.
Bien entendu, tout le monde surfe sur cette nouvelle capitale du développement non durable version 2024, y compris les stratèges immobiliers d’UBS qui voient des bulles à Zurich et Genève depuis 2015, mais pas là :
Dubai has attracted real estate investors globally. A new visa program with looser residency requirements aimed at wealthy and skilled individuals, no personal income tax, and early lifting of travel restrictions during the pandemic have stimulated immigration. Moreover, supported by higher commodity prices, Dubai has seen strong economic and household income growth since 2021, topping other cities. Consequently, residential transaction volumes have gone through the roof, breaking all-time highs. Nevertheless, inflation-adjusted prices are around 25% below their 2014 peak. Furthermore, as many newcomers rent before potentially buying in the future, rents have increased by 20% in inflation-adjusted terms over the last four quarters. As a result, the market remains in fair value territory, in our view
Cette analyse ne semble pas prendre en compte ce qui manque à Dubaï : la rareté. Évaluer un marché où l’immobilier est développé sans limites fait autant de sens que d’attribuer une valeur à une cryptomonnaie créée en quelques clics sur une blockchain.
À Paris, Hong Kong ou New York, les nouvelles constructions ne menacent guères la valeur des précédentes. À Dubaï, où tout est artificiel à part les grains de sable, la prochaine tour construite - dans le désert ou sur la mer, plus grande et plus belle - pourrait bien faire de l’ombre à celles construites il y a tout juste quelques années.
En 2024, ce qu’il te reste de durable, ce sont les bulles. Le développement durable est un concept plus que jamais éphémère.
Tapez sur le ♡ pour une île en forme d’ours sur le lac de Neuchâtel.