“A lot of the endgame in cryptos is just simply sucking fees and ripping off retail clients. At the end of the day, that’s what crypto is all about” - Jim Chanos
Lors de la finale du Super Bowl le dimanche 13 février dernier, alors que les cryptomonnaies commençaient à battre de l’aile, les plateformes d’échanges avaient cassé leurs tirelires remplies grâce aux parieurs acharnés qui rêvaient d’avoir choisi le prochain bon jeton en vue d’une nouvelle vie.
“Fortune Favours the Brave”, proclamait fièrement Matt Damon en faisant la promotion de crypto.com en comparant les cryptomonnaies à l’ascension de l’Everest ou la conquête spatiale… Tout s’achète après tout.
Arrivent alors les 30 secondes de Coinbase, où le QR code certainement le plus cher à la seconde se balade sur l’écran afin d’attirer de nouveaux utilisateurs sur le site.
La pub est réussie et créée le buzz, de manière telle que le site n’arrive pas à supporter le trafic des potentiels nouveaux pigeons.
Fier de ce succès, son CEO et fondateur en profite pour faire un peu de publicité additionnelle - cette fois gratuitement - sur Twitter.
Dans un long thread, il détaille comment cette idée est née à l’interne et arrive alors le 10ème tweet, où il se met se met en avant ainsi que sa société tout en dénigrant l’apport de l’agence de publicité.
Malheureusement pour lui, quelques minutes plus tard, la directrice de l’agence The Martin le remet en place.
Cet épisode permet d’introduire l’esprit qui règne en haut de la pyramide Coinbase “Nous nous présentons sous notre meilleur jour, même si ne n’est pas vrai”.
Coinbase n’est autre qu’une plateforme d’échange de cryptomonnaies, qui, profitant de la bulle To the moon, a fait son entrée en bourse en avril 2021 afin de marcher sur la lune avant d’entamer une descente brutale, perdant près de 80% de sa valeur.
Ayant coup sur coup reçu des avertissements à propos de Coinbase de la part de Doomberg, sans doute une des meilleures sources d’information financière et économique disponible ici, et Jim Chanos, fameux gestionnaire de hedge fund ayant anticipé les plus grosses faillites américaines ses 20 dernières années, il est important d’y consacrer un vendredi.
Avertissement pour le Coinbaisé “meme stock” investisseur
Comme mentionné en introduction de cet article en citant Jim Chanos lors de son intervention dans Cryptos Critics’ Corner, un podcast que l’on ne peut que recommander de par la qualité des invités et la compréhension de l’écosystème par ses hôtes, l’essence du business des cryptomonnaies n’est autre que de pomper l’argent de petits investisseurs.
La stratégie de Coinbase est donc simple: facturer un maximum de frais de transactions à ses utilisateurs.
Selon Jim Chanos, la raison pour laquelle il parie contre Coinbase est justement liée à ces frais. Lors de la première partie de 2021, Coinbase a généré des fees d’environ 4% sur les actifs sous gestion sur une base annuelle, qu’il qualifie “d’hallucinant”, en notant que des brokers traditionnels comme Charles Schwab gagnent une faction de ce pourcentage.
Pensée pour les crypto-rêveurs qui veulent éliminer Wall Street et qui se font plumer exponentiellement de la même manière.
Selon lui, malgré le fait que ces frais sont de moins de 2% en 2022, ils vont continuer à diminuer cette année - indépendamment du prix des cryptomonnaies - au vu de la concurrence grandissante.
Conséquence de ces frais en déclin, mais toujours élevés:
Le chiffre d’affaires du premier trimestre 2022 s’est effondré de 53% par rapport au dernier trimestre 2021 et 27% par rapport au premier trimestre 2021
Un milliard de cash a été brûlé, dont 830 millions de dollars par les activités opérationnelles courantes
les obligations se traitent à des taux de 10%, pas vraiment un taux qui inspire confiance
Avertissement pour le Coinbaisé crypto-parieur
Du côté des investisseurs - ou devrait-on dire des parieurs - cryptos qui prônent la décentralisation et la liberté, qui n’ont pas besoin de régulation et qui ont déposé à fin mars 2022 quelques 256 milliards ( ! ) de dollars auprès de Coinbase, veuillez noter l’avertissement qui vous a été fait sur les risques liés à vos fonds : contrairement à ceux déposés auprès d’une banque, les 256 milliards ne sont pas garantis et dans le cas d’une faillite, les dépôts feraient certainement partie de la masse en faillite, comme le relève un projet de recherche dans Texas Law Review.
“Any custodial relationships can potentially be characterized as a debtor-creditor relationship between the custodian and customer, rather than an entrustment or bailment of property. U.S. law gives substantial protection to the custodial holdings of securities, commodities, or cash deposits by securities or commodities brokers or banks. No such regime exists, however, for custodial holdings of cryptocurrencies. Instead, bankruptcy courts are likely to deem the custodial holdings to be property of the bankrupt exchange, rather than of its customers. The customers would merely be general unsecured creditors of the exchange, entitled only to a pro rata distribution of the exchange’s residual assets after any secured or priority creditors had been repaid.”
Pendant qu’ils vous garantissent qu’il n’y a aucun risque de faillite, les dirigeants se sont débarrassés d’une bonne partie de leurs actions pour empocher quelques dollars.
Certainement pas pour acheter des cryptomonnaies.
Par contre, il ne reste plus assez pour les futures recrues, dont les contrats ont simplement été annulés hier.
Fortune Favours the Brave. A moins que l’on se fasse Coinbaiser.