“In the long term there's never any misalignment between customer interests and shareholder interests.” - Jeff Bezos, 1999
Cette semaine, Stripe - qui offre des solutions de paiements en ligne - faisait une annonce qui peut paraitre comme étrange en 2024 en annonçant repousser ses projets d’introduction en bourse (IPO) suite à des résultats positifs :
Stripe is in “no rush” to go public after the $65bn payments company returned to positive cash flow and raised its private market valuation. The company, a Silicon Valley bellwether, told its investors on Wednesday that it had processed more than $1tn in payments last year, up 25 per cent from 2022, helping it rebound from a bruising period during which its valuation was cut in half. “2023 was a big year. We hit dual milestones of $1tn in payment volume and being cash flow positive,” said John Collison, Stripe’s co-founder and president. “We don’t disclose the historical financials, but obviously Stripe has been in build mode up to this point.”
Le CEO explique le raisonnement :
“With the IPO, we’re not in a rush. Businesses which are profitable have many, many more options than businesses which are dependent on outside capital,” said Collison in an interview with the Financial Times.
Cela ne réjouira certainement pas les employés et les investisseurs qui ont envie de récolter les fruits de leur investissement :
That means the company must find other ways to let employees and early investors cash out their stock, which has risen sharply in value. Last month, Stripe arranged the sale of about $1bn in employee stock, and Collison said he wanted to ensure employees had a chance to cash out every year.
Au temps de “Qui veut être mon associé” et des entrepreneurs TikTok qui sont millionnaires sans rien faire, les entreprises profitables se font de plus en plus rares.
Le nouvel objectif est de vendre du rêve à de nouveaux investisseurs avec un projet ressemblant à des milliers d’autres, peu importe si les parts des premiers actionnaires ressemblent ensuite à un gâteau qui est partagé avec Obélix.
Aujourd’hui, les Séries A, tours de table et autres IPO de modèles d’affaires sans aucune viabilité sont tellement mis en avant que l’on pourrait penser que le fait de passer plus de temps à évaluer une société que d’améliorer l’expérience client est normal, quelle que soit la taille de l’entreprise.
Comme évoqué dans Private Ponzi il y a un peu moins d’un an, ce modèle de vendre du rêve aux prochains investisseurs fonctionne tant que la musique ne s’est pas arrêtée.
Les requins du Private Equity (PE) ont-ils encore beaucoup de souffle pour faire danser les derniers entrants dans une pyramide qui a atteint 3 trillions de dollars ?
Dans un rapport paru cette semaine, Bain Private Equity peint un avenir qui ressemble plus à un désert qu’à un océan :
Private equity continued to reel in 2023 as rapidly rising interest rates led to sharp declines in dealmaking, exits, and fund-raising.
The exit conundrum has emerged as the most pressing problem, as LPs starved for distributions pull back new allocations from all but the largest, most reliable funds.
The long-term outlook remains sound, but breaking the logjam will require more robust approaches to value creation and rapid innovation in liquidity solutions.
Que l’on soit bien clair : les 3.2 trillions de dollars que vous lisez ci-dessus sont un chiffre sur un écran qui représente ce que le Private Equity souhaite recevoir lors de la revente de leurs investissements. Ils sont basés sur des évaluations précédentes qui dépendent parfois de transactions que les fonds de Private Equity ont faites entre eux.
À terme, pour réaliser ces 3.2 trillions de dollars, il faudra des entreprises profitables qui supportent les valorisations espérées.
Stripe et les quelques autres business qui apportent de la valeur n’ont pas de soucis à se faire (vous pouvez d’ailleurs utiliser leurs services pour offrir une tasse à votre collègue préféré).
Pour les autres, il est peut-être bientôt temps de trouver une chaise à l’ombre en regardant ceux en haut de la pyramide danser le refrain de l’économie casino, où un bitcoin à 70,000 dollars et des milliers d’entreprises n’ayant jamais généré de profits sont devenus l’exemple à suivre.
“Cauchemar chez les Investisseurs” pourrait bien être la prochaine téléréalité de M6 pour ceux qui n’ont pas trouvé de chaise à temps.
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